mardi 9 octobre 2007

Les Billets d'Humeur de Mademoiselle A.

Je prends aujourd’hui la plume pour vous expliquer ma gêne, ces derniers jours, d’être française.

J’ai une conception très humaniste de mon pays, terre des Droits de l’Homme et du citoyen. Certains la qualifieront d’idéaliste, soit.

Je pèse dans ce discours chacun de mes mots, le sujet étant sensible, il mérite réflexion et analyse. Je ne prétends aucunement apporter la bonne parole, simplement la mienne.

Il y a quelques jours, en allant au travail, je fus surprise de trouver plusieurs cars de la Police Nationale postés, au petit jour, devant une station de métro, à Paris, en plein quartier d’affaires.

Je pensais à l’arrestation d’un criminel, voleur, dealer ou autre.

Non. Devant mes yeux, le soleil à peine levé, des dizaines de policiers demandaient leurs papiers à des personnes allant travailler. Des personnes, pour certaines à la peau noire, ou trop sombre, ou trop caramel, je ne sais. Par contre, aucun blond ou roux gêné par ces demandes.

Curieuse, je vais sur le site de la Police Nationale pour me rappeler leur mission première. Et que lis-je : « prévention et répression de la délinquance, surveillance générale et assistance aux victimes ».

Ma première impression, devant cette scène, était donc la bonne. Cette action allait au-delà des missions, stricto sensu, de notre Police Nationale, chargée de nous défendre.

J’assistais bien à une rafle. Attention, j’utilise ce mot, non comme un « détail », mais dénué de son sens historique. Je suis bien là, en effet, devant une « arrestation massive opérée par la Police à l’improviste ».

Gênée par ce sentiment se développant en moi, je lis la presse matinale.Et que vois-je ? On refuse désormais les centres d’hébergement d’urgence aux sans-papiers, on leur refuse les repas gratuits (quand ils ont réussi à échapper aux camions de la Police garés tout près), et bientôt, on fiche leur code génétique, comme pour les criminels.

Un sentiment, profond, lourd et diffus, est maintenant en moi.

Ces quelques mots réussiront-ils à me le faire oublier ?


Sincèrement, je n’espère pas.